LA SORCIÈRE DE LA RÉCUQUELLE 

La Récuquelle : lieu-dit sur la commune de Labruguière à la limite de Saint Affrique les Montagnes. Au quinzième siècle, une - sorcière - guérisseuse - empoisonneuse (au choix) y vivait. Découvrez son histoire grâce au lien ci-dessous.

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LES PREMIERS TEMPS DE SAINT AFFRIQUE LES MONTAGNES

 

Le document conservé le plus ancien sur Saint Affrique est le compoix(1) de 1555 rédigé en occitan. Tenter un article sur l’histoire des temps qui ont précédé cette date dans notre village est un exercice périlleux. À supposer que des textes sur ce sujet aient existé, ils ne sont pas parvenus jusqu’à nous. Les guerres qui ont ravagé notre région, croisade des albigeois puis guerre de cent ans et enfin et surtout guerres de religion, se seront chargées de les réduire en cendres. Il faut donc se contenter de quelques citations de notre village qui apparaissent dans quelques rares ouvrages pour éclairer un peu cette obscurité tout en restant modeste pour ne pas se voir contredit.

L’implantation humaine sur les coteaux qui surplombent le cours du bernazobre est attestée depuis longtemps. la nature marécageuse de ce cours d’eau interdisait en effet toute occupation de la plaine. Et puis, il y a cette route ancestrale (actuelle d85) qui permettait de relier le haut et le bas languedoc en longeant la montagne noire et en évitant ainsi des franchissements compliqués, surtout en hiver. cette route traverse le site de notre village.

Cette position de carrefour du Bernazobre et de ce chemin vers le sud conduit à avancer que la première installation d’êtres humains sur le territoire de notre commune est sans doute très ancienne. Préhistorique ? Celte ?

Ce peuplement primitif n’avait certainement pas la forme du bourg actuel mais se présentait plus sûrement comme un groupement de hameaux tels les Escudiès, En Pénariès ou En Régy.

De l’époque romaine, que dire sinon que le territoire de notre village a été romain 70 ans avant le reste de la Gaulle puisqu’il faisait partie de la Narbonnaise dont la frontière nord était sur le Thoré et l’Agout.

Le Sud du Tarn actuel devient romain en 120 avant JC, soit 70 ans avant le reste de la Gaule : un coup des Marseillais ?

On peut le dire puisque la cité grecque de Massilia (Marseille d’aujourd’hui), menacée par ses voisins gaulois, appelle les Romains à l’aide. Ils rappliquent dare-dare et en profitent pour conquérir tout le sud-est de la Gaule qui devient la Narbonnaise. Jules César finira le travail 50 ans plus tard.

Du haut moyen âge, rien ne nous est parvenu. C’est d’abord l’époque de la christianisation puis de l’établissement de la féodalité. Ce qui signifie, probablement, construction dans notre village d’une église et d’un château (d’abord en bois, comme le reste des constructions).

La première mention retrouvée de notre village nous indique que son église appartenait (comme la vingtaine autour de Castres) à l’abbaye Saint Benoit de Castres, au douzième siècle. Ce sont alors les temps heureux des troubadours, mais aussi du progrès et de l’expansion économique. Et puis, au début du treizième siècle, l’horizon s’obscurcit avec la croisade des albigeois qui sonne le glas des dynasties des comtes de Toulouse et des Trencavel qui dominaient la région depuis 250 ans. A cette occasion, le frère de Simon de MONTFORT, qui menait la croisade, dépossède l’abbaye Saint Benoit de Castres de toutes ses possessions en dehors de la ville.

Après la croisade des albigeois, sur la deuxième moitié du XIIIème et pendant tout le XIVème siècle, l’Occitanie se couvre de bastides qui sont les villes neuves de l’époque. Ce mouvement a-t-il touché Saint Affrique ? Le plan orthogonal, caractéristique des bastides, que l’on retrouve dans la partie du village située entre le château et l’ancienne route de Castres semble le suggérer. Ou bien, plus simplement, les habitations se sont serrées naturellement à proximité du château pour permettre aux habitants de se réfugier rapidement à l’intérieur en cas d’attaque.

C’est aussi à cette époque que les seigneurs du Languedoc ont concédé la mise en place de consulats dans les villes et villages. Cela venait souvent en contrepartie d’un soutien financier particulier des habitants à leur seigneur ; pour lui permettre de s’équiper afin de partir en croisade par exemple. De plus, les seigneurs du midi étaient beaucoup plus libéraux que leurs homologues du nord de la France dans la gestion de leur seigneurie.

Le Consulat était un conseil composé de 4 membres, élus par la population pour une année et chargés de gérer les affaires de la communauté.

Le compoix de 1555 fait clairement référence au consulat et aux consuls de Saint Affrique. Notre village était donc bien régi par un consulat. D’ailleurs les archives départementales détiennent les délibérations de ces consuls de 1653 à 1789.

Le conseil municipal actuel qui vous propose cet article a donc une histoire beaucoup plus longue qu’imaginée de premier abord. En effet, la création des conseils municipaux actuels remonte à la Révolution. Mais à cette date de 1789, depuis plus de quatre siècles certainement, des Saint Affricains, élus par leurs pairs, s’occupaient déjà des affaires publiques.

 

(1) Compoix : Registre qui recensait les biens des habitants d'un village afin de définir le montant de leur participation à la Taille (impôt royal)

(2) Traduction de l'image ci-dessus : "dal consolat de Sancta Friqua" ("du consulat de Saint Affrique")

(3) Traduction de l'image ci-dessus : "consuls"

 


 

D’OU VIENT LE NOM DE MON HAMEAU ?

 

 Il y a encore quelques années, dans les familles d’agriculteurs de notre région, lorsque les fils se rebellaient contre l’autorité de leur père, on pouvait entendre ce dernier s’écrier en occitan : « Qu’un es que paga la talha, aïci ? », en français « Qui-est-ce qui paye la taille (l’impôt), ici ? ». Une façon de rappeler en d’autres mots que : qui paye décide !

L’histoire de la taille à Saint Affrique nous est racontée par le compoix de 1555 qui est le plus ancien document conservé sur Saint Affrique les Montagnes. Registre manuscrit d’un format d’une trentaine de centimètres et de 219 pages, accéder à son contenu est compliqué. En effet, il est rédigé en occitan avec une calligraphie très difficile à déchiffrer aujourd’hui. Le faire traduire est envisageable auprès d’un historien spécialisé mais cela aurait un coût (élevé…).
Il est cependant possible de lui faire dire des choses tel qu’il est, comme nous le verrons plus loin.
Mais d’abord, késaco un compoix (ou compois ou compoids) ? C’est un document, ancêtre du cadastre actuel, qui décrit les biens de tous les propriétaires d’une communauté en vue de calculer leur impôt foncier d’alors, la taille. En effet, avant la rédaction de ces documents, les impôts étaient collectés par tête, dans l’arbitraire le plus complet. Après quelques révoltes de contribuables récalcitrants, l’idée est venue de percevoir l’impôt en proportion des biens détenus. Cette nouveauté, née au XIIIème siècle dans les cités du nord de l’Italie, se répand et se généralise dans le sud de la France, d’abord dans les villes, puis dans les villages. Les compoix restent cependant une spécificité occitane. Il n’en existe pas au nord de la Loire.
Comment cela se présente : pas de plans, comme dans les cadastres actuels, non ; le compoix contient, sous le nom de chaque propriétaire et par articles séparés, la description de toutes les possessions, leur contenance (en séterées, voir encadré), leurs confronts (la parcelle voisine au nord, au sud, etc), leur nature, leur qualité et leur estimation. 

LES ANCIENNES UNITÉS DE MESURE : UN BEAU BAZAR !

Avant la Révolution de 1789, lorsqu’on mesurait un objet à Saint Affrique, Viviers ou Escoussens, on utilisait la « canne » de Castres qui faisait 1m81. À Verdalle ou à Soual, on utilisait la « canne » de Montauban de 1m84. Plus fort, si on possédait une « séterée » (mesure de surface) de terre agricole à Saint Affrique ou Viviers on avait à peu près 50 ares, à Verdalle ou Soual, on avait environ 62 ares et à Escoussens 87 ares ! Heureusement, la Révolution et son système métrique sont venus mettre bon ordre là-dedans

Notre compoix nous indique qu’en 1555, il y avait 95 propriétaires de biens domiciliés sur Saint Affrique, une vingtaine de biens étant recensés comme appartenant à des propriétaires de Verdalle, Escoussens et Labruguière. Cela nous permet d’estimer la population de Saint Affrique à cette époque : les 95 propriétaires et leur famille représentent environ 300 habitants auxquels il faut rajouter 30% de brassiers ou paysans sans terre qui louaient leur bras (d’où : brassiers) aux propriétaires. On arrive à un chiffre de 390 ou 400 habitants.
Le propriétaire qui rassemblait le plus de biens à lui seul était un certain Antoine RASCOLL qui était à la tête de 74 possessions (maisons ou parcelles de terre). Son nom n’a pas laissé de traces sur notre commune contrairement à la famille PÉNARIÈS, Jean, Pierre et James et leurs 55 possessions, la famille REGY Johan, Pierre, Bernard, Guilhem et Antoine et leur 66 possessions, Arnaud HALARY et ses 19 possessions. On repère également dans le compoix les 62 biens des ESQUIROL Antoine, Guilhem, Philippe, Raymond, Jean, François, Johan et Sicard, les 55 biens de Pierre BOISSIÉ et les 94 des ESCUDIÉ Sicard, Arnaud, Guilhem, Jean, Pierre.
Si vous habitez En Pénariès, En Régy ou En Halary, aux Esquirol (haut ou bas), à Boissié ou aux Escudiés, vous savez maintenant d’où vient le nom de votre lieu-dit.
Lors des modifications d’adressage que votre municipalité a opéré récemment, nous avons ainsi tenu à conserver, dans les noms de voies créées, les noms des lieux-dits qui sont une part de l’histoire de notre commune.

POUR ALLER PLUS LOIN : LES IMPÔTS SOUS L’ANCIEN RÉGIME

En 1555, la taille représente environ 85 % des recettes du Roi. Son montant est fixé par le Conseil du Roi et réparti entre les provinces. Chez nous, les États Généraux du Languedoc partagent ensuite la somme aux diocèses qui, eux même, la répartissent entre les paroisses.

Le curé (ou recteur) désigne parmi les paroissiens un ou des « asséeurs » chargé(s) de collecter l’impôt. La paroisse est garante de la collecte de la somme due. Si un contribuable fait défaut, les autres doivent payer sa part.

Seuls les biens roturiers sont taxés, les biens nobles échappent à l’impôt. Ainsi, les nobles ayant hérité de biens roturiers sont taxés sur ces biens et à l’inverse, des roturiers possédant des biens nobles sont exonérés pour ces biens. Les habitants de la paroisse qui paient la taille sont dits « manants », c’est-à-dire résidents dans la paroisse, tandis que ceux qui sont taxés pour des biens qu’ils possèdent sur la paroisse alors qu’ils n'y vivent pas sont dits « forains », soit gens du dehors. Le sens de ce mot a fortement évolué depuis. 

On peut estimer la taille, payée par la paroisse de Saint Affrique, en 1555, autour de 450 livres, soit l’équivalent actuel de 37.000 euros. Mais ce n’était pas le seul impôt dû. S’y rajoutaient les cens et banalités perçus par le seigneur, la dîme payée au clergé et la célèbre gabelle due sur le sel. Au total, les impôts pouvaient représenter jusqu’à la moitié des récoltes des paysans qui formaient 90 % de la population.

 

 


 

 

SAINT AFFRIQUE DE CLOCHER EN CLOCHER

 

 

«monté sur l'un des 130.000 clochers de la chrétienté latine, on en voit 5 ou 6 à l'horizon»

Ainsi s'exprimait l'historien Pierre CHAUNU pour attester toute la puissance du réseau de villages qui s'étendait sur l'Europe du moyen âge. Dans ces villages, regroupés autour d'un château, les "vilains" travaillent pour le seigneur, le seigneur protège ses "vilains". De son côté, le «prieur», «recteur» ou «chapelain»(*), dans sa chapelle ou son église, a en charge le salut eternel de tous. Cette convergence d'intérêts fait progresser tout le monde. Les historiens s'accordent à penser que, plus que les villes, c'est ce réseau de villages qui est à l'origine de la montée en puissance économique de l'Europe.

Notre village était l'un d'eux. S'appelait-il Saint Affrique dès sa création ?

Impossible à dire . Le nom de notre commune est, en langage savant, un hagiotoponyme, c'est à dire qu'il est formé  à partir d'un nom de saint (1 commune sur 8 en France est dans le même cas). Les noms des villages se sont fixés au moyen âge et n'ont que très rarement  changé depuis. A cette époque la ferveur religieuse, le culte des saints et de leurs reliques, étaient à leurs apogées. Les lieux de cultes étaient alors consacrés à un saint et prenaient son nom. Par extension, le village bâti autour de lui  prenait le nom du lieu de culte.

Notre église est consacrée à Saint Théodard et n'est donc pas à l'origine du nom du village. Mais dans les villages composés de plusieurs hameaux, comme Saint Affrique, il était courant de bâtir une chapelle dans chaque hameau. D'ailleurs,  on sait qu'un hameau, pourvu d'un lieu de culte, existait entre les lieux-dits En Pénariès et Les Montagnols. Soupçonnés d'hérésie, le hameau et son lieu de culte ont été détruits. Cette église (ou chapelle) était-elle consacrée à Saint Affrique? Y avait-il, ailleurs sur la commune, un lieu de culte encore plus ancien dédié à ce saint? Nous n'avons pas la réponse.

Mais d'abord, qui était l'homme " Saint Affrique". Son existence réelle n'est pas attestée. Sa légende le fait vivre au 5ème ou au 6ème siècle. Originaire de Bourgogne et évêque du Comminges, il serait venu dans notre région prêcher contre l'arianisme, une hérésie chrétienne, religion officielle des Goths qui dominaient alors notre pays. Ainsi faut-il  savoir que Villegoudou, quartier puis rue de Castres, signifie en fait  "ville des goths".

Notre Saint Affrique, tout en accomplissant quelques miracles, prêche si fort les Goths qu'ils finissent par se fâcher et qu'il doit s'enfuir. Il trouve refuge dans l'Aveyron actuel, près du rocher de Caylus. Il y bâtit une église et y meurt. Sa tombe devient aussitôt un lieu de pèlerinage. Un village se crée autour et prend son nom, c'est l'actuel Saint Affrique de l'Aveyron.

Mais pourquoi donc Saint Affrique s'écrit il avec 2 "f "alors que le continent Afrique s'écrit avec 1 seul?  Hé bien, Afrique vient du latin "Africa" et prend donc un seul "f"alors que le nom de notre saint lui a été donné par les Goths et trouve donc son origine dans leur langue. En effet, en langue gothique, "Aifrs" signifie  "terrible"(c'est aussi l'origine du mot « affreux »qui prend aussi 2 "f"), et "Reiks" signifie "puissant".

 Il devait drôlement les impressionner, notre prêcheur, pour qu'il le baptisent« aifrsreiks »(Affrique) autrement dit " terrible et puissant"!

(*): l'utilisation du mot "curé" pour designer le "desservant" du lieu de culte ne s'est généralisé qu'à la fin du moyen âge


 

 

GUERRES DE RELIGION EN PAYS CASTRAIS

 


Ce lundi 23 août de l’an 1574, il fait encore nuit. Le jeune seigneur de La Grange, rescapé de la Saint Barthelemy, la rondache(1) au bras gauche et l’épée à la main, escalade en silence le moulin à eau de Villegoudou. Avec ses treize compagnons, ils franchissent le toit de tuiles et sautent sur la tour d’Empare. Le bruit que fait l’eau de l’Agoût, ce jour-là, empêche les gardes de la tour de les entendre. Descendus de la tour, ils foncent à la porte du Pont Neuf, y trouvent le corps de garde endormi et le mettent en fuite.
C’est ainsi que débute la prise de Castres par le parti protestant dans ce seizième siècle des Guerres de Religion. Castres devient une place forte « huguenote » et le restera pendant des dizaines d’années.

Deux ans avant ces évènements, le gouverneur de Castres, c’était Jean de Nadal(2),seigneur de Lacrouzette, de Saint Affrique, de Montespieu et du Lezert,. A la tête de ses mercenaires corses et albanais, il était venu occuper la ville, juste après la Saint Barthélémy, sur ordre du roi « qui ne veut plus supporter qu’une seule religion dans son royaume ». A ce titre, il était particulièrement haï par les protestants.

Aussi, dès qu’ils sont maîtres de la ville, une des premières décisions qu’ils prennent est d’ordonner la démolition de la maison dite « de Roquecourbe » dans laquelle Jean de Nadal résidait. Cette maison, surmontée d’un dôme, très remarquable, était une des plus grandes et des plus belles de Castres. Elle appartenait à Antoine de Martin(2), seigneur de Roquecourbe, de Viviers les Montagnes et des Avalats. Ce dernier, capturé lors de la prise de Castres, a d’abord été « mis à rançon » pour 5.000 livres. Après une tentative ratée d’évasion, sa rançon a été portée à 10.000 livres. Pour la payer, il sera contraint de vendre ses seigneuries de Roquecourbe et des Avalats ne conservant que celle de Viviers les Montagnes.
Trois ans plus tard, Jean de Nadal, nommé gouverneur de Labruguière pour les catholiques, tentera en vain de reprendre Castres aux protestants.

Ces lignes ne recensent que quelques épisodes des Guerres de Religion dans le pays de Castres. Le nord du Tarn, en effet, est relativement épargné, comparé au sud du département qui connait une guerre civile terrible depuis les années 1560 jusqu’à la promulgation de l’Edit de Nantes en 1598. Soit 40 ans de villes et de châteaux pris puis perdus et repris, d’églises et de temples incendiés et reconstruits, d’exactions, de destructions, de tueries, de famines, le tout « agrémenté » de quelques épidémies de peste.

Ainsi, Jacques GACHES, protestant de Castres contemporain de ces évènements, raconte dans ses mémoires : « Le capitaine [Nérac dit] Mazamet, entreprenait de tous côtés, comme sur le château de Saint Affrique, au voisinage de Viviers, qu’il prit sur François de Montmoure, seigneur du lieu, par sa négligence qui lui coûta la vie et sa maison le 8 mai [1571] »
La paix civile n’a pas pour autant suivi ces 40 années de guerre. En effet, dès 1614, les persécutions contre les protestants reprennent et ne cesseront vraiment qu’à la Révolution. Soit quasiment, au total, 200 ans d’affrontements avec un point culminant en 1685 qui voit la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV. Les protestants doivent alors choisir entre la conversion et l’émigration. C’est ainsi que Jean-Louis Ligonier, né à Castres, deviendra général dans l’armée britannique. Un fort et une ville portent son nom en Pennsylvanie. Cet exemple témoigne de la perte que fut pour la France, l’exil de tels personnages.
Alors, peut-on tirer un enseignement de cette partie de notre histoire ? Chacun choisira le sien. Peut-être peut-on se risquer à affirmer que lorsque des certitudes absolues s’opposent, les plus grandes catastrophes sont inévitables.

(1)rondache = petit bouclier rond
(2)Jean de Nadal et Antoine de Martin sont les aïeux des Suc de Saint Affrique qui ont été les seigneurs de notre village jusqu’à la Révolution. Voir l’arbre généalogique en annexe de ce texte

 

ANNEXE GENEALOGIQUE


Dans ce texte, il est fait mention d’un François de MONTMOURE, seigneur de Saint Affrique, tué en 1571. On trouve également mention dans « Les Antiquitéz de Castres » d’une Marie de MONTMOURE, Dame de Saint Affrique, veuve, qui épouse en secondes noces Antoine BAULT, seigneur de La Mote, dans les années qui suivent.
Deux textes différents attribuent la seigneurie de Saint Affrique à Jean de NADAL. L’a-t-il acquise après la mort de François de MONTMOURE ? Jean de NADAL a eu six filles mais pas d’héritier mâle. Il a donc peut-être partagé ses nombreuses seigneuries entre ses filles. Saint Affrique était peut-être la dot de Jeanne de NADAL quand elle a épousé Abel de SUC.


 

 

LES CLOCHES DE SAINT AFFRIQUE LES MONTAGNES

 

Permettez-moi de vous raconter l’histoire des cloches de notre village. Et je remercie Messieurs Jean-Pierre Carme et Samuel Montagne de l’association « Carillon Tarnais » pour leur document sur lequel je vais m’appuyer.

Notre église date du quinzième siècle et est consacrée à Saint Théodard . Au seizième, elle a subi les outrages des guerres de religion . En effet, on peut supposer qu’elle a été incendiée puisqu’on sait qu’en 1580 (soit à la fin de la septième guerre de religion) la charpente du cœur de l’église fût refaite par un charpentier d’Escoussens, Monsieur Fabre, et que la même année, Monsieur Fornes, maçon à Escoussens, a taillé les pierres pour réparer le portail d’entrée . Elle a été épargnée à la Révolution alors qu’un autre sanctuaire, certainement une chapelle, dédiée à Notre Dame des Sept Douleurs, a été détruite.

Le très beau clocher abrite deux cloches, électrifiées à ce jour .

La première cloche s’appelle Rose-Alexandrine du prénom de ses donateurs Alexandre BERNARD et Rose BERNARD née MIAILHE . Elle pèse environ 375 kg et date de 1876 . Elle à été fondue à Lyon par O.REYNAUD qui était fondeur du pape et travaillait pour le Vatican .

La seconde date de 1739. Les donateurs étaient Augustin de SUC, Seigneur de Saint Affrique et Marie de BARBARA son épouse. Cette cloche a été coulée par un fondeur de Castres, Monsieur CHENE, qui était installé au faubourg Villegoudou. Son poids est de125 kg environ et elle est classée aux monuments historiques.

                                  Cloche de Saint Affrique les Montagnes retrouvée à Saint Julien du Puy                                     Eglise de St Michel de la Martinié sur la commune de Saint Julien du Puy

Il n’y a que 2 cloches dans le clocher et pourtant il existe une troisième cloche de Saint Affrique les Montagnes. Elle a été retrouvée à l’église Saint Michel de la Martinié commune de Saint Julien du Puy.

Cette dernière date de 1673, pèse 100kg environ, et porte, en latin sur la couronne, l’inscription suivante :Jésus Maria Priez Pour Nous Bienheureux Theodard M.f. VISTE  P. Recteur M.S.viste Vicaire Consuls p.viste i.Coulombie ouvrier a.Escudié de Saint Afrique fait l’an 1673 qui prouve qu’elle a autrefois sonné dans le ciel de Saint Affrique les Montagnes .

DECRET DE LA CONVENTION NATIONALE, Du 23 Juillet 1793, l’an second de la République française,

Portant qu’il ne sera laissé qu’une seule cloche dans chaque Paroisse.

La CONVENTION NATIONALE décrète qu’il ne sera Laissé qu’une seule cloche dans chaque paroisse ; que toutes les autres seront mises à la disposition du Conseil exécutif, qui sera tenu de les faire parvenir aux fonderies les plus voisines dans un délai d’un mois, pour y être fondues en canons.

Comme les autres, notre cloche a été descendue du clocher, mais elle échappa au feu du fondeur. Probablement, notre paroisse, la pensant détruite, ne l’a pas réclamée.

C’est ainsi qu’ elle se retrouva à l’église de La Martinié à St Julien du Puy où elle annonce tous les évènements depuis plus de deux siècles.

Pour plus d’informations, vous trouverez l’historique à la mairie.

 


 

IL Y A CENT ANS, LA GRANDE GUERRE...

 

"Le passé doit conseiller l'avenir" .         

C'est ainsi qu'il nous a semblé important de nous souvenir de nos grands anciens qu'on a brutalement arrachés à leur famille et à leur gagne-pain pour les envoyer se battre dans les tranchées .

Parmi eux, ces trois là étaient de Saint Affrique les Montagnes, et ces trois là n'en sont pas revenus . Ils sont tombés au champ d'honneur, morts pour la France, selon les expressions officielles, c'était en 15, c'était il y a cent ans ...

Ils étaient donc trois et s'appelaient Emile GATIMEL, Henri FAURY et Alfred AZEMAT.

Emile est né à Boissezon le 4 janvier 1882 mais s'est marié à Saint Affrique les Montagnes en 1910 et a un fils né à Saint Affrique les Montagnes en 1912. Il est boulanger de son état mais dans ces années là, tous les hommes jeunes ont un deuxième métier : militaire . En effet, on est instruit, dès l'école primaire, dans le désir de la revanche contre l'Allemagne et de la reconquête de l'Alsace-Lorraine . Il a ainsi fait 3 ans de service militaire de 1903 à 1906 avant d'être versé dans la réserve . Comme réserviste, il est rappelé pour 2 périodes d'exercices de 3 semaines en 1909 et 1911 . Enfin, en août 14, la guerre est déclarée, la mobilisation générale décrétée et il rejoint le 38ème régiment d'infanterie coloniale . Après la première bataille de la Marne, en septembre 1914, rendue célèbre par les taxis du même nom, il participe à la deuxième bataille de la Marne qui prend place entre le 25 septembre et le 9 octobre 1915 . C'est là qu'il trouve la mort au combat, le 7 octobre, certainement du côté du Trou Bricot ou de la Main de Massiges ,dans le département de la Marne, alors que son régiment a pris la relève en première ligne du 44ème régiment d'infanterie coloniale. Emile sera décoré, à titre posthume, de la médaille militaire . Pendant cette bataille et dans son régiment qui est pourtant un régiment de réserve, 54 soldats sont tués ou disparus et 262 sont blessés, soit 1 combattant sur 6 hors de combat en 15 jours ! Cela donne une idée de la violence des combats…

Henri est né à Labruguière le 21 novembre 1883 . Il est cultivateur ( comme on disait à l'époque), veuf et remarié, sa première femme étant décédée 4 mois après leur mariage . Il a aussi fait son service à partir de 1904 et ses 2 périodes de réserviste en 1908 et 1913 . Le 2éme classe Henri FAURY est mobilisé le 3 août 14 et rejoint le 42ème régiment d'infanterie coloniale . Son régiment prend également part à la première bataille de la Marne en 1914. Puis, il est engagé dans la Meuse et participe à 3 jours de combats terribles en avril 1915 à Vauquois . Ce village, situé sur une butte à une trentaine de kilomètres de Verdun est un de ceux qui ont été rayés de la carte lors de la Grande Guerre . Il s'y est déroulé ce qu'on à appelé "la guerre des taupes", les 2 armées en présence ne se contentant pas de creuser des tranchées mais également des galeries dans la roche ( 17 km de galeries côté allemand et 5 km côté français) .C'est lors de ces 3 jours de combat, qui ont vu les français prendre puis perdre les tranchées allemandes de 1ère ligne, que Henri a trouvé la mort, le 5 avril .

 

Comme vous le constatez sur le décompte établi par l'armée française et présenté ci-après, ce combat de 3 jours a fait 239 victimes dans son seul régiment, tués, blessés ou disparus.

 

                                                          

Marie, la désormais veuve d'Henri, a bénéficié d'un secours de 150 francs pour solde de tout compte .

Alfred est né à Saint Affrique les Montagnes,le 26 août 1873. Il fait son service militaire en 1894 et entre ses 2 périodes de réserviste en 1900 et 1905, il a épousé Maria, originaire de Noailhac, le 11 octobre 1903 à Boissezon . Il se sont installés à En Pénariés . Lui est tisserand, elle est tisseuse, ils ont une fille prénommée également Maria qui nait en 1905 . Mobilisé le 4 août 1914, il passe par le 127ème puis le 53ème avant d'aboutir au 340ème régiment d'infanterie . Son régiment est déployé dans la Meuse et en octobre 1915 il est à Souain, un village situé à 10km de l'endroit où Emile est mort. Il se trouve que le journal de marche de son régiment est suffisamment précis pour qu'on connaisse les circonstances exactes de sa mort . Je vous laisse les découvrir ci-dessous par vous-même .

                                                     

Sa fille est "adoptée par la nation" par décision du tribunal en date du 25 juillet 1918 .

Avant de terminer cet article je ne veux pas oublier quelqu'un sans qui je n'aurai pas pu l'écrire . Je ne peux pas vous donner son nom car il me l'a interdit au motif qu'il ne veut pas de publicité . Sachez qu'il a 90 ans, qu'il vit à Mazamet et qu'il a évidemment des attaches avec Saint Affrique les Montagnes. Je le remercie donc très sincèrement et lui fait part de mon admiration pour le travail qu'il a réalisé .

On dit : "les vivants ferment les yeux des morts, les morts ouvrent les yeux des vivants". Alors, Emile, Henri et Alfred ouvrent nos yeux sur quoi ? Sans doute sur le fait que la paix est notre bien le plus cher; notre pays est en paix sur son sol depuis 70 ans mais il ne faut pas considérer pour autant que c'est un acquis définitif, les récents attentats de Paris en témoignent . Peut-être, de là où ils sont, nous recommandent-ils de déployer tous nos efforts pour nous préserver de ce malheur absolu qu'est la guerre ..

 

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